1er dimanche du Carême
Abbé Jean Compazieu | 14 février 2010Aller au désert avec le Christ
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Chaque année, en ce premier dimanche du Carême, nous entendons le récit des tentations de Jésus au désert. Rappelons-nous, c’était juste après son baptême. Il vient d’être désigné comme le Fils bien-aimé du Père. Aussitôt après, l’Esprit le pousse vers le désert pour un temps de prière. C’est ainsi, dans un cœur à cœur avec le Père, qu’il va se préparer à sa mission. Il devra dire la Parole de Dieu et non la sienne en tant qu’homme. Sa prière lui permettra de s’ajuster à Dieu et à son amour. Ces quarante jours seront aussi un temps de jeûne. Jeûner, c’est se priver de tout ce qui est futile pour donner la priorité au seul vrai trésor, l’amour de Dieu, sa Parole, sa présence dans notre vie.
La première tentation c’est celle d’un homme qui a faim : “Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à ces pierres de devenir du pain.” Tout l’Evangile nous dit que Jésus s’est incarné pour vivre notre humanité jusque dans ses combats. Le démon lui propose de prouver qu’il est le Fils de Dieu en sortant de sa condition humaine et en se détournant du Père. Il l’invite à utiliser des pouvoirs magiques pour satisfaire sa faim. C’est vrai que Jésus aurait pu faire ce miracle. Mais il aurait été détourné de son sens profond. Alors, il se contente de citer l’Ecriture : “Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre. Voilà un message important pour nos sociétés de consommation qui en ont fait le but de leur existence. Il y a une nourriture plus nourrissante et plus essentielle que le pain matériel.
C’est aussi un avertissement à tous ceux qui ont des responsabilités dans la société et l’Eglise. Nous ne sommes pas à notre compte. Nous n’avons pas à utiliser notre fonction pour en tirer des bénéfices. Il est urgent de retrouver le sens du service. Devant la foule affamée, Jésus dit : “Donnez-leur vous-mêmes à manger…” C’est en partageant avec nos frères que nous retrouvons Dieu. Le carême va nous en donner l’occasion. Nous savons que, dans le monde, trois milliards d’hommes, de femmes et d’enfants ne mangent pas à leur faim. Mais il y a aussi ceux qui ont faim de repères, faim d’amour, faim de conditions de vie et de travail plus humaines, faim de Dieu. Tout au long de son ministère, le Christ nous a montré la vraie nourriture pour apaiser cette faim.
Deuxième tentation : “Je te donnerai tout ce pouvoir si tu te prosternes devant moi. Se prosterner devant Satan… il y en a qui le font. Nous avons tous entendu parler de ces sectes sataniques qui font appel à l’ésotérisme. Il y a une forme de religieux qui est contraire à l’esprit de l’évangile. Mais ce qui est le plus fréquent c’est quand on se prosterne devant le dieu argent. C’est la soif du pouvoir avec son cortège de massacres et de tortures. Le 20ème siècle a connu des dictateurs sanglants : ils ont créé les bagnes, les camps de concentration… Sans aller jusque là, cette course au pouvoir entraîne de nombreuses violences, des conflits dans les familles, les associations, les lieux de vie et de travail. Il est si facile de nous prosterner devant des idoles si nous n’y prenons pas garde. Demandons à l’Esprit Saint de nous apprendre à reconnaître ces “tromperies” là où se joue notre vie
Troisième tentation : “Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas…” Le tentateur poursuit son scénario en citant le psaume 90 : “Ils te porteront sur les mains de peur que ton pied ne heurte une pierre…” Une fois de plus, le démon pervertit le texte biblique. Mais la réponse de Jésus est sans équivoque. Nous n’avons pas à forcer la main de Dieu. Jésus refuse de mettre Dieu dans l’obligation d’intervenir. Il ne demande pas de miracle pour sauver sa vie. Il n’en demandera pas non plus sur la croix. Voilà une attitude qui nous interpelle, nous qui prenons souvent des risques inconsidérés et qui nous révoltons contre Dieu quand un malheur arrive.
Etre nourris, prosternés, portés… voilà trois tentations qui montrent combien l’être humain régresse à l’état d’enfance en se laissant prendre aux pièges du malin. Tout au long de notre vie, nous sommes, nous aussi affrontés à ces tentations pleines d’attrait. Le tentateur est à l’affût et il fait tout pour nous détourner de l’évangile. Mais le Seigneur ne nous laisse pas seul. Il nous montre comment vaincre cette tentation en priant, en nous nourrissant de sa parole et de l’Eucharistie. Tout au long de ce carême, il nous propose de fuir les décibels de notre vie agitée. C’est ainsi que nous parviendrons à remettre de l’ordre dans notre vie. Le plus important ce n’est pas de combattre le péché mais de développer en notre cœur le véritable amour.
Seigneur, nous voulons revenir à toi pendant ces quarante jours de Carême. Donne-nous de savoir faire de la place dans nos vies, nos cœurs, nos préoccupation : une place pour toi et pour les autres. Emmène-nous au désert et fais-nous vivre de ta parole. Donne-nous de combattre avec toi et de sortir vainqueurs de l’épreuve par la puissance de l’Esprit Saint. Amen
D’après diverses sources
Le Seigneur est conduit au désert. Mais pour quoi faire ? Le désert représente le lieu où l’homme est renvoyé à lui-même pour mieux connaître sa mission ; le désert caractérise aussi l’espace où l’homme est tenté de fuir son identité pour affirmer ses droits.
Quant à moi, toute la semaine j’ai subi le désert à cause d’une horrible bronchite asthmatiforme. En effet, je n’avais pas le coeur à prier ni le courage d’allumer mon ordinateur. Mais heureusement, tout va bien à nouveau et ma première pensée est pour le Seigneur.
En tout cas, quelle merveille que Jésus : à chaque invective du démon, il a répondu en invoquant la Parole de Dieu. Jésus nous montre ainsi la manière d’occuper notre place : C’EST DE RENONCER A PRENDRE QUI PERMET DE RECEVOIR. Et quoi qu’il arrive, il faut rester EN DIEU et ne pas accréditer l’idée qu’on s’accomplit grâce à la consommation, au pouvoir et au prestige, voire à la mise au défi de Dieu.
L’axe de ma vie est vraiment ma confiance en Jésus.
PORTEZ-VOUS BIEN !!
Christiane